Pour la libre exploitation des assuré•e•s

(Extrait du N° 135 juillet/août 2014)

En fixant la date de la votation au 28 septembre sur la caisse publique, rendant la campagne très courte, la droite s’est garantie un impact maximal de son pouvoir financier, tout en ayant l’opportunité d’augmenter les primes 2015 sans vergogne ensuite. Cependant, en se penchant sur les arguments d’«alliance santé», le comité des opposant·e·s, il est permis de rêver un peu, tant ceux-ci paraissent de mauvaise foi et dépourvus de logique. Et il faut donc absolument que la gauche parvienne à faire comprendre que le «libre choix» que défend la droite est celui des caisses et des cliniques privées, non celui des patient·e·s.

Catastrophisme

«Alliance santé» agite ainsi cinq épouvantails. Premièrement, prenons garde à la «banqueroute» du système, qui serait due à la fois aux coûts engendrés par la réforme et à la hausse des primes pour les familles (!). La seconde catastrophe annoncée serait la baisse de qualité des prestations de santé. Aucun argument ne démontrant en quoi la caisse publique ferait baisser la qualité n’est cependant avancé, la glorification à outrance de notre système sous-entendrait que le moindre changement y nuirait. La droite nous rejoue le même coup que sur le salaire minimum, se prétendant très satisfaite de la situation et vantant la solidarité du système grâce aux subsides pour l’assurance-maladie. Pour y croire, on attendra qu’elle retire toutes ses motions pour diminuer les prestations de la LAMal, augmenter la participation individuelle, et autres vœux pouvant difficilement passer pour de la solidarité et une grande satisfaction envers le système.

Libre profit

Cela nous amène ainsi aux derniers épouvantails brandis: le rationnement des soins, la fin du libre choix du médecin et du modèle d’assurance, et ce qui est appelé «uniformisation des soins médicaux», mais qui porte en fait sur les modalités d’assurance et non de soins. Il est heureusement peu probable que vanter la «qualité du service» leur donne beaucoup de voix auprès des assuré·e·s qui ont eu un jour à faire avec une caisse. Selon «alliance santé», la caisse publique produirait en fait les effets que la droite défend au Parlement en matière de prestations et d’organisation des soins: exclusion de prestations (médecines alternatives, lunettes, soins dentaires, etc.); suppression de l’obligation de contracter auprès de tous les prestataires de soins pour les assurances; réseaux de soins obligatoires; etc. Si la droite est contre la caisse unique et publique, ce n’est donc pas pour les raisons qu’elle invoque (et que la gauche devrait lui retourner au Parlement), ce qui va brouiller la campagne. L’objectif réel des opposant·e·s, celui qui doit être dénoncé, c’est le profit, privé bien sûr. Car ce qui inquiète la droite, ce n’est en réalité pas le manque d’efficience de la caisse publique, mais bien que le gain d’efficacité et de rendement ne profite pas à des entreprises privées. De ce point de vue, et sans compter que ses représentant·e·s sont probablement tou·te·s assuré·e·s en privé, on peut affirmer que de la qualité de notre système de santé et son accessibilité, la droite n’en a cure.

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